Selle n°5 !

[Amélia]

Salut à tous !


Il était temps que j'ouvre ce post.
J'ai eu la chance de retourner chez Mich', juste avant le stage avec Iürgen Volbach. Nous avons profité de ces quelques jours pour revoir des points techniques sur la fabrication de la selle. Ce sont des points que nous avions abordés très rapidement, lors de la First Lady, par manque de temps. Et en autonomie, je galérais particulièrement, pour un résultat plus que moyen. Il s'agit en l'occurrence du fork et de la corne.


Première chose, Mich' m'a montré comment faire le gabarit pour préparer la pièce du gullet, le dessous du fork, première partie de la selle à couvrir.



Puis mise en forme du cuir sur l'arçon :



On prend des repères, notamment le centre et les angles, et on coupe pour libérer de la matière.

[Amélia]

[Amélia]

Autant, le coin de droite est bien mis en forme dans le creux de l'arçon, car le cuir était moins dense et plein de pli. Mais le coin de gauche nous a fait beaucoup plus galérer.


On passe ensuite à la mise en forme du strainer, après avoir améliorer la découpe en pratiquant ces fentes, pour dégager de la matière et l'assouplir.



J'installe et je pare ces cales de part et d'autres des passages d'étrivières. C'est du skirting de 8mm.



Et je prépare le cuir qu'on colle sous le strainer, en le parant au préalable, presque tout autour :

[Amélia]

Le cuir est découpé ainsi, de manière à prévoir l'épaisseur des couches dans le hand hole, et avoir une jolie finition du hand hole.



Voilà ce que ça donne de dessous :



Et sur la selle :

[Amélia]

Je colle bien les bords partout et je rabats le cuir par-dessus le strainer au niveau des passages d'étrivières :



J'attaque le ground seat. Les deux petits patchs rajoutés étaient pour combler des creux trop important, mais plus tard, je vais retravailler le ground seat et je les supprimerai finalement.

[Amélia]

Puis j'effectue le hand hole :



Je peux ensuite passer le cuir bleu du strainer à travers le hand hole et le coller, puis le parer :



On attaque le fork, ma pièce détestée.
On fait un premier pli, en avalant un max de matière par devant, pour essayer de plaquer l'arrière de la pièce contre l'arçon. On cloue un côté pour stabiliser la pièce et pouvoir travailler l'autre côté. Tout est ajustement. Il ne faut pas rater ce pli car sinon, on ne pourra pas plaquer l'arrière.
D'un autre côté, il ne faut pas non plus trop avaler de matière à l'avant sinon la pièce se lève sur l'avant, et ne plaque plus devant.

[Amélia]

Découpe et parage des bords :



J'apprends à utiliser et affûter le demi-lune pour faire le plus gros du parage. Cette utilisation va me changer la vie ! Car les lames de skiver sont chères, et le skiver est un outil très fatigant pour la main et l'avant-bras.

[Amélia]

On peut ici découper de petits V pour supprimer l'excédent de matière et donc les surépaisseurs.



On travaille le cuir pour le déformer, imprimer côté fleur les pourtours du hand hole et finir de plaquer la pièce.



Puis on coupe de manière à laisser de la matière dans les angles du hand hole :

[Amélia]

Voilà ce que donne la pièce à plat :



Je trace son positionnement sur l'arçon avant d'encoller :



Le pli est paré pour éviter à tout prix la moindre surépaisseur :

[Amélia]

Le retour est fixé dans le gullet :



Et voici le plus fork de ma vie :

[Amélia]

Passons à la corne.
On colle la lentille, première pièce :



Découpée :



Et limée dans un angle qui doit correct et régulier sur tout le tour :

[Amélia]

On trace des repères pour positionner le wrap toujours de la même façon :

[Amélia]

Le wrap est légèrement paré en bas :

[Amélia]

Il est attaché pour qu'on puisse le marteler et lui donner un début de pli :





Ce pli est marqué à la plyer puis à la lissette :

[Amélia]

Trous pour le laçage :





Puis on pose la deuxième lentille, en s'aidant du centre de la première, pour aligner la seconde.

[Amélia]

Les lentilles sont clouées pour ne pas risquer de bouger sous l'effet d'un roping :



Et enfin, on installer le horn cap :
Il faut soigner dès le départ le centrage de cette pièce car ça aide pour marquer le pli puis définir la ligne de couture. Mon erreur sur les autres selles était que je comptais trop sur la plyer clamp pour trouver l'axe de la corne et tracer ma ligne. Or, avec les épaisseurs de cuir, si on ne soigne pas parfaitement chaque étape, on obtient un résultat de plus en plus grossier et imparfait.



La corne peut être cousue tranquillement :

[Amélia]

Et voilà la plus belle couture de horn de ma vie :





Découpe du bord. J'ai été à peine courte pour pouvoir retravailler et former une tranche plus bombée. Mais ça va quand même.

[Amélia]

Et finitions... à la cire svp !



Et voilà la plus belle corne de ma vie... !

[Amélia]

J'ai donc retravaillé le ground seat qui présentait un plat incorrect au niveau de l'assise, et je l'ai retaillé pour obtenir plus de galbe. J'en ai profité pour dégager les deux patchs disgrâcieux. Et retaillant le siège, j'ai pu enlever beaucoup de matière, et donc supprimer les creux. En fait, au lieu de rajouter de la matière pour combler les creux, j'ai désépaissi les bombés, et ça marche encore mieux, parce que j'avais de la matière sous la main.





A présent, je me pose la question du sanglage. Est-ce que je reste sur un sanglage intégré au skirt, mon habituel inskirt rigging plate ? Ou est-ce que je réalise ce flat plate rigging ?
Les deux ont des inconvénients et des avantages :

[Amélia]

En attendant d'avoir la réponse, je fais le back cantle :

[Binbin]

Merci pour tout ce déroulé ! Maintenant je me dis qu'in jour peut-être je m'y mettrais aussi. Ce n'est pas simple mais pas aussi compliqué que je pensais!

[equicuir89]

Le Numéro 5 d'Amelia ....tout aussi envoutant.
J'ai restauré une corne il y a 2 mois, mais pas si bien réussie que celle que tu nous présente.
Merci de ce nouveau partage.
Belle continuation.

[Mich']

Merci pour tout ce déroulé ! Maintenant je me dis qu'in jour peut-être je m'y mettrais aussi. Ce n'est pas simple mais pas aussi compliqué que je pensais!

Faire une jolie selle est assez facile, faire une bonne et belle selle est tout de suite plus compliqué.
Si on ne maîtrise pas parfaitement l'ensemble des contraintes liées à la fonctionnalité, la selle peut vite devenir inutilisable.
Un cheval équipé d'une mauvaise selle peut très vite se fâcher et si on insiste, les dégâts causés à son dos peuvent aussi devenir très vite irréversibles.
Il faut une vraie culture et de vraies connaissances rien que pour faire le choix du bon arçon aux dimensions et à l'ergonomie parfaitement adaptées, avant même avoir touché un morceau de cuir.

[Binbin]

Je prends note alors. Si j'en fais une ce sera avec un pro:-)

[Amélia]

La suite donc.


Je retravaille quelques gabarits. Avoir fait plusieurs selles me permet à présent de pouvoir innover ou du moins expérimenter de nouvelles formes pour améliorer mon modèle.